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Dis...vin !
9 juillet 2014

Gare à la vendangette !

Le soleil se lève à peine au-dessus du vignoble bourguignon : étrange atmosphère que celle créée par le carrousel invisible des "vendangettes" (grives musiciennes) perdues dans la brume d’octobre. Sans les cris fins et aigus qui emplissent le ciel, qui se douterait de l’arrivée de ces jolies grives issues des populations nordiques ? Ces froissements d’ailes témoignent pourtant des vibrations migratoires qui envahissent la terre à l’automne…

Paysage automnal

 

Le moindre rayon de soleil fait subitement pétiller les braises automnales à la surface des feuilles : le vignoble, il y a peu jaune or, s’est considérablement empourpré et joue les érables canadiens. Il exprime désormais pleinement sa beauté automnale. Une odeur de moût pointe du village blotti dans le creux du coteau orienté vers l’Orient. La brume se dissipe encore à peine sur les pentes des premiers crus de la Haute Côte, lorsqu’à nouveau des sifflements sortent du ciel et s’abattent soudainement sur les ceps de vigne.

 

Grive musicienne

 

La grive musicienne est friande des raisins oubliés par les vendanges : de là est née la légende viticole des grives saoules pour avoir trop ingéré de raisins mûrs. La grive, une gloutonne alcoolique ? Voici ce qu'en dit Jean-Jacques Brochier dans son Anthologie du Petit Gibier :

« La meilleure est la grive de vigne, ou musicienne, c’est elle qui chante le mieux.

Particulièrement à l’époque des vendanges, quand elle se gorge de raisins bien

mûrs, qui la rendent pompette. De là la légende de ces grives soûles qu’on

poursuivait entre les rangs de vigne et qu’on prenait à la main, ou d’un revers de

casquette, treize à la douzaine. On a lu ça cent fois dans les livres, mais que celui

qui a assisté personnellement à la chose me fasse signe. Je promets de le régaler

d’une fricassée dont il se souviendra. Dans les mêmes livres, on dit aussi que les

grives s’abattaient en si grand nombre sur les ceps qu’il fallait battre le tambour jour

et nuit pour sauver la vendange. »

Entre grives et vendangeurs, lors des premiers frimas de la fin de l’automne, s’engage une partie de cache-cache dont l’ultime enjeu est la récolte des cépages tardifs. Nombre de cuvées rendent ainsi hommage à ce combat : le Morgon "Belles grives" du domaine Duboeuf ou encore le Château du Tariquet et ses cuvées "Les Premières Grives" ou "Les Dernières Grives" pour évoquer ce vin élaboré à partir du raisin récolté en surmaturité et disputé ardemment aux grives...

 

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André Theuriet (1833-1907) : La grive, Nos oiseaux.

« Voici le mois de fructidor

Le pays est en vendange ;

Les vignobles ont des tons d’or

Mêlés de pourpre et d’orange.

La tête et les sens sont troublés

Par les enivrants effluves

Qu’exhalent les raisons foulés

Dans les pressoirs et les cuves.

Avec des rires tapageurs,

Le long des sentiers de chèvres,

Vendangeuses et vendangeurs

Se baisent à pleines lèvres.

Le bruits sonore et savoureux

De ces galantes agapes

S’unit aux refrains amoureux

Des oiseaux mangeurs de grappes ;

Et la grive, prête de choir

Du cep et tout à fait grise,

Ameute autour de son perchoir

Les geais qu’elle scandalise. »

 

 

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